S'il y a bien un joueur qui n'a pas eu une carrière linéaire, c'est Yann M'Vila (34 ans). Aujourd'hui plus proche de la retraite que de ses débuts, le milieu de terrain de Caen a connu une vie assez mouvementée.
La presque surprise de la liste de Raymond Domenech pour la Coupe du monde 2010 est longuement revenue sur les péripéties de son existence dans un entretien accordé à Ouest-France.
Une enfance difficile
Il a notamment évoqué ses premiers pas dans le football et surtout sa volonté d'échapper à son quotidien dès son plus jeune âge, lui qui a été repéré à 9 ans par Amiens sur le parking d'un cirque. «J'avais fait un essai et c'était concluant. Je vivais en foyer à ce moment-là. Dans un foyer de femmes victimes de violences, avec ma mère. Vous ne pouvez pas savoir la solidarité qu'il y a entre ces femmes qui vivent le même enfer» , a fait savoir l'international aux 22 capes avec l'équipe de France entre 2010 et 2012 sous la direction de Laurent Blanc.
«Je l'ai vécu et c'est comme ça que j'ai aussi appris à être solidaire avec les autres. Malgré la tristesse qu'on a pu avoir avec mes frères et soeurs, on a vécu de très bons moments car on était tous ensemble. Alors quand j'étais petit, le foot était une passion, mais aussi un défouloir. C'était le seul moyen de m'évader» , a rajouté le Picard. «L'objectif, c'était de devenir professionnel et de faire de l'argent. Quand je signe mon premier contrat pro, je prends un appartement et je fais venir ma mère et mes soeurs. Je voulais donner à ma mère la vie qu'elle mérite. Elle nous a sauvées et je lui dois tout.»
L'argent ne fait pas complètement le bonheur
Seulement, la signature de son premier contrat professionnel avec Rennes n'a pas eu que des conséquences positives pour l'actuel joueur du SMC. «Je n'ai pas pu lui en faire profiter. Mes premières paies, mon père avait procuration. Si j'étais payé le 5 du mois et que j'allais au distributeur le 6 ou le 7, il n'y avait déjà plus rien. Mon père prenait tout. J'ai eu des moments très difficiles avec mon père. Je devais aller à 00h01 au distributeur, quand la paie tombe, pour retirer mon argent et pouvoir aider ma mère» , a révélé celui qui a rejoint le Rubin Kazan à seulement 23 ans en 2013 malgré des rumeurs l'envoyant au FC Barcelone ou à Arsenal.
Un passage en Russie qui n'a pas été de tout repos. «Je ne vais pas dire que l'argent ne fait pas le bonheur car il y contribue et facilite les choses. À ce moment-là, je touche 500 000 € net par mois. En deux mois, j'avais le million. Mais j'étais dans ma chambre, à faire une dépression. J'avais cet argent sur une carte, elle ne m'a servi à rien. Quand ça t'attrape, ça t'attrape. Et ça ne te lâche plus» , a admis l'Amiénois, qui a connu deux prêts à l'Inter et à Sunderland durant son contrat au Tatarstan mais surtout des grosses crises d'angoisse durant plusieurs semaines.
Saint-Étienne, le déclic
«Je n'arrivais plus à rentrer dans un avion. Je faisais du yoga, je prenais des cachets. Le soir, le docteur me faisait une piqûre dans les fesses pour que j'arrive à me calmer, à m'endormir. C'est arrivé aussi un petit peu à Saint-Étienne» , a embrayé l'ex-joueur de l'Olympiakos, qui a repris goût au football dans le Forez. «On perd 3-0 là-bas (à Metz, 17 janvier 2018, ndlr) et je prends énormément de plaisir. C'est là que je me suis dit : en fait, je suis capable. Il n'y a plus besoin d'avoir peur, et j'ai pu enchaîner» , a terminé M'Vila. Pour le plus grand bonheur de Caen.
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