On ne reverra plus Raphaël Varane sur un terrain de football. A seulement 31 ans, le Nordiste a décidé de prendre sa retraite. Une décision forte pour un joueur encore dans la fleur de l'âge. Mais une décision mûrement réfléchie pour un homme qui a sacrifié son corps durant plus d'une décennie pour se maintenir au plus haut niveau.
La blessure de trop
Blessé dès son premier match avec Côme, le 11 juillet dernier, le champion du monde 2018 a rapidement compris que ce pépin au genou, un de plus dans sa carrière de footballeur, serait le dernier. «Côme, c'était un projet qui détonnait, ce n'était pas exotique, pas financier, mais humainement cela avait du sens, et cela en a toujours, puisque je vais rester à leurs côtés. Je voulais aussi ne jouer qu'une fois par semaine. Après la préparation, la famille devait suivre en Italie, mais quand je me suis blessé, le 11 juillet, j'ai su tout de suite que c'était fini. J'étais sûr de moi, parce que j'avais tout anticipé» , a révélé le joueur formé à Lens pour L'Equipe.
Pour l'ancien joueur du Real Madrid, cette blessure, à ce genou, à ce moment, était forcément un signe. «C'est une entorse du genou gauche, sur une action vraiment anodine. En voyant les images, on se demande comment je me blesse, il n'y a pas de contact, pas de torsion. J'en avais pour plusieurs semaines, ce n'était pas si grave, mais que cela soit le genou gauche était un signe fort, pour moi, parce que le genou gauche compense le genou droit depuis 2013. C'est par lui que j'ai trouvé un équilibre dans le déséquilibre. Alors, si mon genou gauche me dit qu'il en a marre, il faut que je l'écoute» , a poursuivi l'ex-international français.
Une décennie de peurs
«Depuis l'âge de 20 ans, j'ai joué avec une épée de Damoclès au-dessus de mon genou droit. Gérer la pression, connaître mon corps, savoir quand pousser la machine, je maîtrise parfaitement. Mais sur les trois dernières années, je ne me suis blessé qu'à gauche. Le genou droit était devenu solide, mais moins mobile, et le genou gauche faisait tout, pour la puissance, les démarrages, les impulsions. Physiquement, cette blessure me faisait revenir dans une spirale, et la balance entre sacrifices et plaisir n'était plus équilibrée. Je suis un passionné, obsédé par la performance et si je ne peux pas m'engager à 100%, cela ne me va pas» , a justifié le natif de Lille, qui n'a pas mis longtemps à se décider.
«Je pense que sur le terrain, je le sais déjà. Le lendemain, j'en ai parlé à chaud, en disant qu'on en reparlerait à froid, et une dizaine de jours plus tard, le temps de digérer, je l'ai annoncé. Cela a été difficile, mais j'ai souvent pris des décisions difficiles dans ma carrière, et ça, c'était la décision ultime. Mais c'était la bonne» , a soutenu Varane, qui s'est souvent demandé ce qu'aurait pu être sa carrière avec deux genoux fonctionnels. «Je me suis parfois dit ça, je l'avoue. Avec deux jambes, cela aurait été quelque chose (rires). Je prends tout ça avec légèreté, mais c'est aussi parce que j'ai eu ce problème que j'ai maîtrisé mon art.»
R. Varane – «le foot est en surrégime»
«Je sais que ça peut être surprenant, mais à la fin, on se pose toujours la même question : qu'est-ce que tu as envie de faire de ta vie ?» , a questionné le quadruple vainqueur de la Ligue des Champions, qui a affirmé ne pas avoir de regrets à la suite de cette décision que certains ont probablement jugé prématurée. «Je me suis toujours relevé de tous les moments difficiles, mais j'avais peut-être besoin de savoir jusqu'où je pouvais aller, et de taper dans le mur pour comprendre vraiment. Si j'avais arrêté avant, j'aurais eu des regrets. Là, je sais que je ne pouvais pas aller plus loin et que je peux être fier de tout ça.»
«On ne met pas nos vies en jeu comme des gladiateurs, mais on joue notre intégrité physique, et ça fait partie de qui on est. Depuis tout petit, on est des durs au mal. On a joué avec des douleurs toute notre vie» , a poursuivi celui qui va intégrer l'organigramme de Côme en tant que dirigeant. «Beaucoup de joueurs se taisent, parce que quand on réclame des choses pour les autres, le foot a tendance à penser qu'on les réclame pour soi. Mais c'est faux. Quand je parle de la santé mentale, ce n'est pas pour jouer moins, moi, c'est parce que le foot est en surrégime et que la machine va péter.»
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