Real : Vinicius, la cocotte-minute

Depuis plusieurs mois, le Real Madrid tente de prolonger Vinicius Junior (25 ans) au-delà de juin 2027. Mais un point bloque : le Brésilien réclame la parité salariale avec Kylian Mbappé, nouvel arrivé au sommet de la grille avec 600 000 € par semaine. Pour le club, cette exigence met en péril l'équilibre interne. Pour le joueur, elle symbolise une reconnaissance légitime de son statut.

Un symbole sous-évalué

Il faut dire que l'Auriverde ne sort pas de nulle part. Il incarne depuis sept ans la montée en puissance du Real post-Ronaldo. Recruté à 18 ans, devenu titulaire indiscutable, le joueur formé à Flamengo a marqué dans deux finales de Ligue des Champions (2022 et 2024). Après trois premières saisons d'adaptation, le Sud-Américain a porté l'attaque suite au départ de Karim Benzema, et grandement contribué au dernier sacre européen du club. Avec 22 buts toutes compétitions confondues cette saison, malgré quelques blessures, son rendement reste élevé — même s'il apparaît moins tranchant que par le passé. Et surtout, sa présence incarne une fidélité rare dans le vestiaire actuel.

Or selon la Cadena SER, le Merengue exige désormais une revalorisation à la hauteur de son partenaire offensif français, qui a signé libre avec un salaire record. L'écart est massif : plus de 10 M€ annuels. Et ce alors que Vinicius Junior avait prolongé en octobre 2023, dans un contexte financier plus contraint. Aujourd'hui, le numéro 7 du Real estime être rétrogradé injustement dans la hiérarchie. D'autant qu'une offre concrète venue d'Arabie Saoudite — 200 M€ d'indemnité et un salaire doublé — renforce son pouvoir de négociation. Pour lui, ce n'est pas une simple question d'argent, mais de statut : rester sans être valorisé reviendrait à cautionner un déclassement.

Le Real sur la corde raide

Du côté du Real, la position est plus prudente. Accorder la parité à Vinicius Junior pourrait déclencher une série de demandes en cascade. Jude Bellingham, Federico Valverde ou d'autres encore pourraient réclamer des ajustements. Dans un club qui vient d'absorber le plus gros contrat d'Europe avec le meilleur buteur de l'histoire du Paris Saint-Germain, chaque hausse compte. La masse salariale dépasse déjà les 270 M€ annuels bruts, et le fair-play financier de la Liga continue d'imposer un ratio strict entre revenus et dépenses. Au-delà de l'effet domino, la direction pointe également la saison 2024–2025 de Vinicius Junior, jugée trop irrégulière pour justifier une revalorisation immédiate.

Mais l'inaction comporte aussi ses risques. Vinicius Junior est entré dans les deux dernières années de son contrat. Et en dépit d'un marché européen restreint, la tentation saoudienne reste bien réelle pour un joueur qui a déjà tout gagné avec la tunique blanche. Le vendre dans un an serait une issue défendable financièrement, mais périlleuse sur le plan sportif. Le Real perdrait alors un actif stratégique, poli à sa majorité, aimé du public et bankable à l'international. Plus encore, céder face à cette tension serait un aveu : celui d'un vestiaire déséquilibré par le poids d'un seul homme. Car si Mbappé était censé renforcer le projet, il est en train, malgré lui, d'en redessiner toutes les lignes de fracture.

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