

Sa progression semblait linéaire, mais il lui manquait encore une soirée fondatrice. Entre confiance en Ligue 1 et rendez-vous européens corrects mais sans grand relief, Mason Greenwood (24 ans) a enfin réuni les deux dimensions lors d'un match sous tension, où l'Olympique de Marseille a découvert ce que peut réellement peser son attaquant dans les moments charnières.
Un match référence
La phase de ligue raconte un parcours fait de signaux contradictoires. Souvent actif, jamais absent, l'Anglais avait pourtant laissé l'impression d'un joueur encore en transition, comme s'il hésitait à imposer son jeu dans une compétition où l'exigence ne pardonne aucune approximation. Encourageant face au Real Madrid, efficace contre l'Ajax, frustré et frustrant face au Sporting et à l'Atalanta, le joueur formé à Manchester United a traversé une séquence où l'impact restait réel sans jamais être décisif. Le contraste avec ses prestations en championnat nourrissait ce sentiment : les percussions étaient là, les intentions également, mais la zone de vérité lui échappait au fil de soirées où le club phocéen manquait d'un tueur dans les trente derniers mètres.
Ses chiffres résumaient la situation. Depuis son but à la 26e minute face à l'Ajax le 30 septembre, Greenwood n'avait plus marqué en Ligue des Champions. Plus de trois matchs sans trembler les filets, près de 345 minutes d'attente, quelques situations mal finalisées et un rôle parfois sacrifié dans des contextes défavorables, comme son remplacement précoce à Lisbonne après le rouge d'Emerson. Sans être en difficulté, il restait simplement au seuil de ce que demande la haute compétition. Jusqu'à Bruxelles. Sur une pelouse compliquée, dans un match où l'OM a longtemps douté, il a provoqué, insisté, tenté, puis enfin trouvé l'ouverture, avant d'offrir à son équipe un second but de grand attaquant, copié-collé de celui inscrit par Didier Drogba contre Newcastle en 2004.
Adoubé par ses partenaires
Cette soirée a surtout confirmé la perception interne d'un joueur prêt à changer la dynamique d'un match. Dans le vestiaire, les cadres n'ont pas cherché à minimiser le virage pris dans la capitale belge. Geoffrey Kondogbia a parlé d'un «joueur phare» , capable de débloquer des situations que l'OM ne contrôlait plus. Geronimo Rulli a été encore plus clair, estimant que Greenwood était «le meilleur joueur de l'équipe» , tandis que Pierre-Emile Højbjerg évoquait une progression inachevée et un potentiel comparable à celui des attaquants majeurs du continent. Cette unanimité raconte un vestiaire qui s'aligne derrière un leader technique, même lorsque ses statistiques stagnent. À Bruxelles, il a simplement assumé son statut.
Roberto De Zerbi n'a pas dévié de sa ligne en validant l'émergence de son leader offensif sans effacer les exigences. Le coach voit en Greenwood «l'un des meilleurs attaquants d'Europe» , mais estime qu'un joueur de ce statut doit mieux gérer les séquences où l'OM mène, garder le ballon, soulager son équipe et maintenir la discipline défensive dans les moments chauds. Le message est clair : le doublé change la donne, mais ne suffit pas encore. Avec Liverpool au Vélodrome puis un déplacement à Bruges pour clore cette première phase, Greenwood a la confiance pour terminer fort en janvier. Il a offert la preuve qu'il pouvait faire basculer un match difficile à gérer. La suite dira s'il peut aussi contrôler ceux que l'OM pourrait dominer.
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