le 28/09/2004 à 20h58

Cris, la muraille de Lyon

L'Olympique Lyonnais dispose actuellement de la meilleure défense du championnat avec seulement trois buts encaissés en huit journées. Parmi les facteurs de cette réussite, l'arrivée du Brésilien Cris a été très bénéfique à ce secteur de jeu. En un mois, le défenseur auriverde s'est imposé comme un titulaire indiscutable dans le centre de l'arrière garde rhodanienne. Portrait d'un vrai costaud qui devrait faire tourner en bourrique plus d'un attaquant adverse dans le championnat.

Le cauchemar de Henry

Le 20 mai dernier, le public français découvrait avec une certaine frustration un arrière central totalement inconnu en Europe. Titulaire au sein de la défense du Brésil lors d'un match de prestige au Stade de France contre les Bleus, un défenseur nommé Cris avait, ce soir là, fait vivre un calvaire à Thierry Henry, dont tout le monde chantait alors les louanges. L'attaquant des Gunners n'avait pas vu le jour, parfaitement et rigoureusement muselé par cet inconnu. Quatre mois plus tard, Cris est titulaire dans la défense du meilleur club français actuel, l'Olympique Lyonnais. Un sacré pallier franchi en Europe par un joueur au palmarès impressionnant au Brésil, où il a effectué l'essentiel de sa carrière. Ayant débuté dès l'âge de 18 ans dans le championnat brésilien avec l'équipe des Corinthians, l'un des grands clubs de Sao Paulo, Cris y a vite fait son trou. Après 74 rencontres de championnat disputées et six buts marqué de 1995 à 1999, ce défenseur particulièrement solide et propre sur l'homme change d'adresse, et rejoint le club de Cruzeiro Belo Horizonte, où il explose complètement.

Sous le même maillot que le futur Monégasque Maicon (qui arrivera en 2001), Cris fait merveille en défense centrale et dispute, en trois saisons, 118 matches, inscrivant 11 buts au passage. Il s'affirme comme l'un des tous meilleurs défenseurs du championnat brésilien, et se forge un palmarès impressionnant, déjà garni par son passage chez les Corinthians. Il remporte ainsi trois championnats de Sao Paulo, un championnat du Brésil, deux Coupes nationales, deux championnats Sul Minas et un championnat Mineiro entre 1995 et 2002. Il gagne alors ses premiers galons d'international. Il dispute en effet son premier match avec la Seleçao le premier juillet 2001, face à l'Uruguay (0-1). Mais il ne s'installe pas durablement en sélection et rate le Mondial 2002 disputé en Corée et au Japon. Cela ne l'empêche pas de se faire repérer grâce à ses performances en championnat par les recruteurs européens.

Une saison blanche à Leverkusen

Parmi eux, le Bayer Leverkusen, finaliste de la Champion's League en 2002, rafle la mise, et se fait prêter Cris pour la saison 2002-2003. Cette première année en Europe est loin d'être une réussite pour Cris. Le club allemand traverse une mauvaise passe. Cris ne parvient jamais à s'imposer et de dispute que deux petits matches de championnat, pour quatre rencontres de Ligue des Champions. Mais il veut retenir le positif de cette expérience, comme il l'explique sur le site de l'OL. «Jouer au Bayer Leverkusen, cela a été un bon moment de ma vie. C'était une très bonne expérience pour moi. J'ai beaucoup appris en jouant en Allemagne et cela m'a permis de découvrir pour la première fois la Ligue des Champions. J'aime cette compétition, lorsque tu prépares le match qui arrive, lorsque tu entres dans le stade et que la pression commence à monter, c'est ce que j'étais venu vivre en allant au Bayer Leverkusen. Ensuite, j'ai du retourner au pays, avec une impression de travail non terminé. Cette sensation s'est ensuite estompée puisque l'on a terminé champion avec Cruzeiro puis d'autres titres ont suivi» , rappelle le défenseur.

En effet, après une saison quasiment blanche en Europe, Cris retourne à Cruzeiro, et y dispute deux nouvelles saisons, remportant un championnat du Brésil en 2003 et deux championnats de Mineiro en 2003 et 2004. Mieux encore, il réintègre durablement la sélection auriverde, et enchaîne les sélections, contre la France ou contre l'Argentine notamment. Il remporte ainsi la Copa America disputée durant l'été 2004 avec le Brésil. Titulaire durant toute la compétition, il entre en jeu en finale du tournoi, face à l'Argentine, et participe à la victoire de son équipe (2-2, victoire du Brésil aux tirs aux buts). Systématiquement appelé par Carlos Alberto Parreira, Cris doit alors franchir un pallier en club. Lyon se manifeste alors, et Cris, convaincu par Juninho et Edmilson, ses partenaires en sélection, choisit de s'exiler en France en août 2004 pour retenter sa chance en Europe. «Juninho m'a fait une bonne présentation du club, il m'a expliqué que quelques joueurs importants étaient partis à l'intersaison, mais que le groupe était bon, et qu'il pouvait encore viser le titre» , explique-t-il au quotidien Le Progrès. Voici donc Cris à Lyon, une deuxième opportunité qui cette fois lui sourit.

Pièce maîtresse de la défense lyonnaise

Dès son arrivée, Cris est présenté comme le chaînon manquant d'une équipe qui a perdu Edmilson et Muller à l'intersaison, pour le seul Abidal arrivé de Lille. Arrivé en successeur d'Edmilson, ce qui n'est pas une mince affaire, le défenseur brésilien se doit alors de justifier sur le terrain les paroles des hommes forts de l'OL. L'entraîneur Paul le Guen qualifie ainsi sur le site de l'OL son nouveau joueur de «rigoureux; c'est un vrai défenseur et il a l'expérience requise» . Quand à son capitaine et compatriote Caçapa, il affirme que Cris «va amener de bonnes choses car c'est un joueur de haut niveau. Il est très expérimenté et est très dur sur le terrain» . Cris, quant à lui, a conscience de ses qualités. «Je suis un pur produit défensif. C'est le poste que j'aime, c'est ce que je fais de mieux. Lorsque je suis sur le terrain, je me tue à la tâche et je respecte le travaille que j'ai à accomplir. Défense à 3 ou à 4, cela m'importe peu. A Cruzeiro, je joue aussi bien en défense centrale qu'en arrière latéral, je n'ai pas de préférence là-dessus. Là-bas, il n'y a pas de poste fixe, je peux jouer en défense centrale un jour puis en latéral au prochain match, on s'adapte en fonction des besoins, des configurations et des adversaires» , affirme-t-il. Reste à le prouver sur le terrain, ce que Cris ne tardera pas à faire.

Un mois après son arrivée de la mi-août, Cris a justifié les louanges dont il faisait l'objet, au point de faire oublier son prédécesseur Edmilson. S'il s'avère moins précis dans la relance que le néo-Barcelonais, Cris semble en revanche plus efficace défensivement, et se fait tout de suite adopter par un public de Gerland ravi de compter dans son équipe un joueur si combatif et si tranchant dans les duels. Lors de sa première rencontre face à Lille (1-0), il dégage tout de suite une belle impression de solidité et met sous l'éteignoir le remuant Matt Moussilou. Par la suite, avec le Brésilien en défense centrale, l'OL n'encaisse qu'un but en quatre rencontres de championnat. Cris ne s'arrête pas là, et, malgré une prestation défensive moyenne, il ouvre le score en Ligue des Champions face à Manchester United (2-2), pour le premier match de l'OL dans la compétition. Avec la charnière centrale Cris-Caçapa, bien secondée par Abidal et Réveillère sur les côtés, l'OL a en tout cas trouvé une assise défensive relativement impressionnante. Cris n'y est évidemment pas étranger, et semble très bien parti pour réussir son pari de s'imposer en Europe pour continuer de briller avec le Brésil. Avec pour objectif la Coupe du Monde 2006…

Cris a donc déjà fait son trou, et compte désormais réussir en France une carrière similaire à celle qu'il a déjà réussie au Brésil. Désormais régulièrement appelé en Seleçao, le roc de Lyon peut voir cette année sa trajectoire prendre une ascension vertigineuse. Ce n'est pas Lyon qui s'en plaindra.

Nom : Cris
Age : 27 ans
Né le 3 juin 1977, à Guarulhos
Taille : 1m83
Poids : 77kg
Club actuel : Lyon
Clubs précédents : Corinthians (1995-1999), Cruzeiro (1999-2002), Bayer Leverkusen (2002-2003), Cruzeiro (2003-2004)
16 sélections avec le Brésil

Par Patrick Audouard, le 28/09/2004 à 20h58
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