le 12/04/2005 à 19h47

Lyon à l'épreuve du coffre-fort

L'Olympique Lyonnais devra sortir le grand jeu mercredi sur le terrain du PSV Eindhoven pour se qualifier après le résultat défavorable du match aller (1-1). Face à la solide formation de Guus Hiddink, les Gones ont l'occasion d'atteindre les demi-finales de la Ligue des Champions pour la première fois de leur histoire.

Les enjeux

On sait aujourd'hui en Europe que l'Olympique lyonnais est une bonne équipe. Atteindre le Top 8 européen pour la seconde année consécutive est un gage de qualité. Mais on sent que cette saison, l'OL a vraiment les moyens d'aller plus haut. Et franchement, il serait rageant de les voir rater le wagon des demi-finales face à une équipe du PSV Eindhoven qui impressionne par sa solidité et sa puissance physique, mais qui n'a pas séduit grand monde. Problème, ces Néerlandais sont parvenus, lors du match aller, à convertir leur seule occasion en but et à ne céder qu'une fois face aux coups de boutoir de Wiltord et compagnie (1-1). Les Gones seront donc forcés de ne pas perdre et de marquer au Philips Stadion. Si les Lyonnais gagnent à Eindhoven, ils passent. Même résultat s'ils marquent au moins deux buts et qu'ils font match nul. Tout est donc possible, et les hommes de Paul le Guen peuvent y croire, d'autant plus qu'une place en demi-finales serait une première dans l'histoire du club. «C'est peut-être le match le plus important de notre saison, voire le plus important de l'histoire de l'Olympique lyonnais avec cette possibilité de nous qualifier pour une demi-finale de la Ligue des Champions. Nous avons participé à l'évolution de l'OL et nous pouvons marquer son histoire» , estimait Juninho, interrogé par l'AFP. La motivation lyonnaise sera donc décuplée, même si les Rhodaniens savent que la tâche s'annonce ardue. «C'est comme ça, en Ligue des champions. Il faut battre des équipes chiantes à jouer, qui ne lâchent pas» , résumait Claudio Caçapa, capitaine de l'équipe.

Car le PSV Eindhoven est, dans son style, d'une efficacité trop redoutable. Monaco en huitièmes et Lyon lors du match aller ont pu le vérifier. Les Néerlandais ne se créent pas une foule d'occasions, mais ratent rarement leur coup quand ils ont l'opportunité de marquer. L'OL, qui s'est rassuré ce week end sur son réalisme (2-2 à Nantes, deux buts pour le double d'occasions), ne devra pas vendanger devant le but de Gomes comme, par exemple, Govou la semaine dernière. Mais la forteresse hollandaise sera difficile à prendre, les joueurs de Guus Hiddink étant en position de force, même si l'entraîneur batave reste mesuré. «Cela permet un peu d'optimisme mais je n'y vois aucun avantage sur le plan psychologique. Il faudra rester compact, jouer en bloc solide pour empêcher Lyon de s'approcher trop près du but. Mais le nul blanc ne sera pas notre obsession. L'idéal sera de marquer car Lyon marque quasiment toujours un but à l'extérieur» , a déclaré l'ancien sélectionneur de la Corée du Sud à l'AFP. Certes, Lyon est fort hors de ses bases, comme l'a notamment prouvé le 3-0 obtenu à Brême au tour précédent, mais le PSV est de son côté très à l'aise sur ses terres. En championnat, les coéquipiers de Van Bommel ont ainsi gagné 13 matches sur 14 possibles au Philips Stadion, n'y cédant qu'une seule fois face à Roda en décembre dernier (0-2), et y sont toujours invaincus en Ligue des Champions (3 victoires et un match nul). Aux Lyonnais de bouleverser les habitudes d'un public d'ordinaire gâté par son équipe fétiche.

Les clés du match

La composition des deux équipes devrait être exactement la même qu'au match aller, les deux formations n'ayant aucun titulaire habituel suspendu ou forfait pour cette rencontre (seul l'attaquant de Jong est absent côté PSV, alors que Frau sera malheureusement forfait côté lyonnais, victime d'un claquage à l'entraînement mardi). Les Lyonnais devront donc tenter de corriger certains défauts perçus alors face à une équipe qui a une organisation de jeu très proche de la sienne, en 4-5-1 (ou 4-3-3, c'est selon). Les yeux des observateurs seront en premier lieu tournés vers le milieu de terrain, point fort des deux formations. Le duel entre la triplette néerlandaise Vogel – Van Bommel – Cocu et le trio lyonnais Diarra – Essien – Juninho devrait faire rage. Tous deux puissants et technique, ils ont eu chacun leur période au match aller, le milieu de terrain lyonnais prenant d'abord l'ascendant avant de reculer au fur et à mesure que le match se déroulait. C'est d'ailleurs Cocu qui sur une percée pleine de réussite et de volonté qui avait égalisé pour les Bataves.

Autre secteur du terrain où les duels seront interressants à suivre, les ailes. Les deux équipes aiment écarter le jeu en phase offensive, et les oppositions singulières entre ailiers et latéraux (souvent dans les deux sens) devraient se multiplier. Malouda devra se surpasser comme il y a une semaine face au solide Ooijer, lequel a commis beaucoup de fautes sur le Guyanais à Gerland. Même chose pour Govou sur son côté droit. L'international aura fort à faire face à Lee, mais il a prouvé au match aller qu'il pouvait mettre le Sud-Coréen en difficulté. Il devra en revanche surveiller les montées, souvent très tranchantes, du latéral gauche du PSV. Les duels Park – Abidal et Farfan – Réveillère pourraient s'intervertir, les deux feu-follets du PSV ayant l'habitude de permuter. Les défenseurs lyonnais avaient globalement pris le dessus lors du premier acte, mais prudence, notamment avec Park, l'autre virevoltant Sud-Coréen débusqué par Guus Hiddink. Patrice Evra, le latéral de Monaco, peut en témoigner : dans un bon jour, Park peut devenir un vrai poison pour son adversaire direct.

Enfin, les Gones devront résoudre l'équation Venegoor of Hesselink, tour de contrôle en pointe de l'équipe de Guus Hiddink. L'attaquant international fut maître des airs au match aller, les Lyonnais préférant anticiper ses déviations et tenter de les intercepter sans venir au contact. Un jeu dangereux qui avait finalement globalement porté ses fruits, aucune de ses remises n'ayant pu être exploitée. On se souvient néanmoins d'une séquence de jeu au cours de laquelle VOH, contrôlant tranquillement le ballon dos au but, avait réussi à se retourner devant Cris et à frapper juste au dessus. De plus, l'avant-centre avait compris qu'il était souvent seul à la tombée du ballon, et avait plusieurs fois opté pour le contrôle de la poitrine, permettant ainsi à son équipe de se trouver en situation offensive. Les deux Brésiliens de l'axe central lyonnais, Cris et Claudio Caçapa, seraient peut-être bien inspirés d'aller davantage au charbon. De l'autre côté, Wiltord aura fort à faire face à la charnière centrale Alex-Bouma.

Les équipes probables

PSV Eindhoven : Gomes – Ooijer, Alex, Bouma, Lee – Cocu, Van Bommel, Vogel – Farfan, Park – Venegoor of Hesselink

Lyon : Coupet – Réveillère, Cris, Caçapa, Abidal – Diarra, Essien, Juninho – Govou, Malouda – Wiltord

Dans l'autre rencontre de mercredi, la Juventus de Turin tentera de refaire son retard pris à Anfield face à Liverpool (1-2) au match aller. Les Turinois, privés une fois de plus de Trezeguet, auront fort à faire face à des Anglais surprenants dans cette compétition, et qui enregistrent de plus le retour de Djibril Cissé dans le groupe.

Lyon est donc face à son destin, et voudra prouver mercredi soir qu'il peut être un grand d'Europe. Une qualification en demi-finales serait historique pour le club de Jean-Michel Aulas. Mais le PSV ne l'entend pas de cette oreille… Ca promet d'être chaud !

Par Patrick Audouard, le 12/04/2005 à 19h47
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