le 05/11/2006 à 19h20

Arbitrage : M. Batta - "On a besoin d’aide"

Hormis la première défaite de Lyon cette saison ou encore la crise qui guette du côté de l'Olympique de Marseille, la douzième journée de Ligue 1 a été marquée par un retour à la normal. Les arbitres n'ont finalement pas reconduit leur boycottage du protocole d'avant match. Marc Batta, le directeur technique national de l'arbitrage, revient sur cette démarche.

Ce boycottage a-t-il été un succès ?

Je ne sais pas. En tout cas, c'était une démarche normale par rapport à une situation qui devenait insoutenable pour tout le monde, entraîneurs, joueurs, dirigeants et arbitres. L'objectif était de montrer que les limites avaient été dépassées. Je suis d'ailleurs heureux de voir que Frédéric Antonetti, l'entraîneur de Nice, et Jacques Rousselot, le président de Nancy, fassent leur mea culpa. Je tiens également à préciser que ce n'était en rien une position radicale de la part du corps arbitrale. La preuve, à partir du moment où tout est rentré dans l'ordre, les arbitres vont à nouveau se soumettre au protocole dès ce week end.

Avez-vous été choqué par les propos de Monsieur Antonneti qui comparait l'arbitrage français aux récents problèmes qui ont affecté en Italie ?

Oui, mais je crois que c'était surtout un cri du coeur. Ses mots ont dépassé sa pensée. Je peux vous affirmer personnellement que le football français est l'un des plus propres au monde. La surface de réparation doit être un endroit où les joueurs peuvent s'exprimer, tant que cela reste dans l'esprit du jeu.

Comment expliquez-vous qu'on en soit arrivé là ?

A partir du moment où il y a des décisions qui sont prises dans cette zone de vérité, cela a forcément des incidences sur le résultat final d'un match. A partir de là, il y a toujours des incompréhensions. Maintenant, j'aimerais féliciter les arbitres. Malgré la pression qui règne autour d'eux, ils ont eu le courage de s'inscrire dans la démarche d'assainir un peu plus les surfaces de réparation. Ils appliquent tout simplement la loi. Je veux bien reconnaître que tout n'est pas encore parfait, mais c'est un travail qui doit être fait.

Il y a encore quelques problèmes d'uniformité ?

Oui, c'est vrai. Ce n'est pas facile d'interpréter correctement les lois du jeu. Ça nécessite un discernement encore un peu plus pointu. A l'heure actuelle, on a besoin d'aide. Il n'existe que deux solutions. La vidéo, mais actuellement la FIFA s'y oppose catégoriquement. Ou bien la proposition de Michel Platini, à savoir rajouter deux arbitres supplémentaires. A court terme, ça pourrait être une solution. Vous savez, le football a évolué, les moyens technologiques aussi. En revanche, la condition humaine, elle, n'a pas changé. Maintenant, ce problème n'est pas non plus uniquement français, il est universel.

Souhaiteriez-vous plus de transparence ?

C'est sûr qu'on préfèrerait travailler dans la sérénité. Il faut reconnaître qu'il y a de plus en plus de caméras dans les stades. Pour le spectacle, c'est une bonne chose, mais pour les arbitres, c'est un inconvénient. Maintenant, il ne faut pas non plus occulter le problème. Ce que j'aimerais surtout, c'est qu'on évite de polémiquer quand les images montrent qu'une décision est juste. Dans le cas inverse, le penalty sifflé pour Hilton lors de Lens – Marseille par exemple, il faut que les dirigeants comprennent que l'erreur est humaine. Etant donné la position de l'arbitre au moment de la faute, cette simulation était indécelable. Il faudrait plus de pédagogie de leur part.

Par Emery Taisne, le 05/11/2006 à 19h20
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