le 06/05/2020 à 12h13

Nantes : le calendrier, le prêt de l'état, l'économie du foot... Le constat amer de Gourcuff

Gourcuff espère un changement des mentalités suite à la crise sanitaire.
Réputé pour ses avis tranchés, Christian Gourcuff a dressé un constat amer de la gestion des dirigeants français durant la crise du coronavirus. Partisan d'un changement de calendrier, l'entraîneur du FC Nantes estime que cette période exceptionnelle doit apporter des mutations profondes dans l'approche du football.

A Nantes, les supporters ont rarement doit à de la langue de bois. Avec Waldemar Kita et Christian Gourcuff, toutes les vérités sont bonnes à dire. Notamment pour l'entraîneur breton, qui a toujours été considéré comme un OVNI parmi les coachs de Ligue 1. Et sa dernière sortie ne déroge pas à la règle. Interrogé par RMC, l'ancien coach de Lorient a évoqué la crise du coronavirus dans les grandes largeurs.

Gourcuff voulait un changement de calendrier

L'homme de 65 ans a d'ailleurs un regret concernant le calendrier. Pour lui, une réflexion plus poussée pour changer les dates des saisons de football aurait été clairement plus judicieuse dans le contexte actuel. «Se calquer sur l'année civile, c'était la solution qui me semblait la plus intéressante sur le plan de l'éthique sportive et sur le plan de l'avenir, même s'il fallait trouver des solutions. Ça ne pouvait venir que des instances fédérales et européennes» , a considéré le technicien des Canaris.

«Organiser un championnat sur l'année civile, c'était une révolution, ça demandait une réflexion, ce n'était pas simple. Ça ne pouvait pas se faire en quelques jours, mais c'est ce qui me semblait le plus adapté à la situation et à l'éthique sportive. Là, ça finit en queue de poisson et ce n'est pas satisfaisant d'un point de vue sportif» , a rajouté Gourcuff. Une idée qui pourrait toutefois faire son chemin chez certains dirigeants avec la tenue de la Coupe du monde au Qatar entre le 21 novembre et le 18 décembre 2022.

Un prêt bienvenu, mais...

Le manager nantais est plus largement revenu sur le volet financier durant cette crise sanitaire. S'il se félicite du prêt de 224,5 millions d'euros de l'état à la LFP pour compenser le manque à gagner lié à l'arrêt de la saison par rapport aux droits TV, il estime que cela ne réglera pas tout. «Cet emprunt, c'est une bonne chose car il est collectif. C'est très ponctuel, ça correspond à une situation à l'instant T. Après, on est dans un système de spéculation contraire à l'éthique sportive qui amène des crises» , a analysé Gourcuff.

«On spécule sur les transferts, sur les droits TV à venir… Résultat, des clubs s'endettent et ça entraîne une dérive. Un club, ça ne doit pas être des objectifs financiers. Ça doit être créer une identité, gagner des titres et développer tout ce qui tourne autour du football. On voit bien que les gens qui investissent dans le foot ont des objectifs qui ne sont pas simplement d'ordre sportif. Il faut retrouver une économie plus réaliste, qui me semble être une garantie pour éviter des crises de ce type. Ça va au-delà du cadre du foot» , a rajouté l'ancien milieu offensif.

C. Gourcuff – «il faut changer les mentalités»

Et de poursuivre sur un constat encore plus approfondi. «Le foot ne fait que suivre les dérives d'une économie mondiale qui marche sur la tête avec la recherche du profit. Cet emprunt permet de gérer la crise à court terme mais après, il faudra en tirer les conséquences pour envisager ensuite une nouvelle forme d'économie. Mais j'ai beaucoup de doutes là-dessus. Les décisions ne peuvent venir que des instances. Je pense que la DNCG, par exemple, ne joue pas son rôle comme elle pouvait le faire il y a 20 ans. Il y a une tolérance qui favorise toutes ces dérives» , a regretté Gourcuff.

«Pour la saison prochaine, il y a beaucoup d'interrogations. Tous les clubs seront impactés mais de façons différentes. Et il y aura un impact sur les effectifs. On ne peut pas dissocier l'aspect sportif de l'économie. Quand des clubs trichent avec les règles, il y a des répercussions sur l'aspect sportif. Il faut changer les mentalités et les règles du jeu. Ça demande un investissement dans le temps… qui n'est peut-être plus possible» , a terminé le boss du FCN. Reste à savoir si les dirigeants du football retiendront les leçons de cette période trouble. A l'heure actuelle, difficile de se projeter.

Que pensez-vous des propos de Gourcuff ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...

Par Youcef Touaitia, le 06/05/2020 à 12h13
Ça a fait le BUZZ actuellement