le 02/01/2008 à 14h23

Bilan Rennes : de haut en bas

Après un décollage réussi, le Stade Rennais s'est engouffré dans un surprenant trou d'air. A la trêve, le club Breton a réalisé un parcours à l'opposé de la saison dernière malgré un total de points identique. Encore une fois, l'inconstance des Rouge et Noir a gâché l'impression laissée par un effectif pourtant destiné à jouer le haut du tableau.

A l'inter-saison, une fois n'est pas coutume, le Stade Rennais a misé sur un recrutement de joueurs expérimentés pour tenter de ne pas revivre la malheureuse fin de la saison dernière et de s'assurer une belle campagne européenne. En conséquence, à l'orée du Championnat, les venues de Sylvain Wiltord, Mickaël Pagis et Jérôme Leroy ont tout naturellement fait de Rennes un sérieux outsider de Lyon. Sentiment pleinement confirmé à la vue de son premier tiers, avant que l'équipe accumule six défaites consécutives. Le manager Pierre Dréossi s'est alors auto-limogé de son poste d'entraîneur pour faire confiance à Guy Lacombe. Un seul objectif : remettre l'équipe sur la voie du succès.

L'incroyable dégringolade

A la fin des matches aller, l'équipe est treizième avec 25 points (7v, 4n, 8d), soit le même total que la saison dernièreÂ… Un bilan toutefois indigne des ambitions affichées, grevé par un enchaînement final de six défaites et un nul. Pourtant, et pour une fois, le club avait idéalement débuté sa saison. A la 12ème journée, il pointait même à la deuxième place ex aequo avec Nancy pour un total de 24 points dont 14 gagnés à l'extérieur ! Mais les blessures de joueurs cadres et l'accumulation des rencontres disputées lors d'une nouvelle campagne ratée en UEFA ont, en grande partie, eu raison de cette belle entame. Lors de ses sept derniers matches, l'équipe a encaissé la bagatelle de 14 buts pour un seul marqué ! Elle est passée de la 3ème défense (9 buts) à la 15ème (23 buts), et de la 3ème attaque à la 13ème ! Guy Lacombe, qui a tout de même jugulé la mauvaise série en ramenant un nul de Toulouse lors de son premier match en championnat, est conscient de la tâche qui l'attend désormais : « si je suis là, c'est parce qu'il y a un groupe qui a quelques difficultés. Est-ce que cela va repartir très vite ? Personne ne le sait. Il faut être très humble dans le football. Car on y voit des choses très particulières. Â» Comme c'est devenu une coutume à Rennes, et ce jusqu'à l'ultime fin des saisons, le pire comme le meilleur peut donc encore survenir...

Fanni et Leroy ont trôné, Pagis et Briand sont déchus

Le Stade Rennais attendait beaucoup de ses recrues de l'inter-saison et, jusqu'ici, l'espérance a été plutôt contrastée. L'équipe a tout de même largement bénéficié du flamboyant début de saison de Rod Fanni et de Jérôme Leroy sur le flanc droit. Lors des douze premières journées, ils y ont révélé et confirmé leur talent pour permettre à Rennes d'engranger les points. Jérôme Leroy, meilleur passeur avec 5 offrandes, a notamment été élu joueur du mois d'octobre de la L1. Avec eux, la solidité défensive d'alors avait été incarnée par l'aisance et la puissance que dégageait Stéphane Mbia dans l'axe de la défense. L'énigmatique Sylvain Wiltord, après une remise à niveau du physique, est monté en régime et s'est particulièrement illustré le temps de trois matches avec trois buts inscrits. Malheureusement pour lui et pour l'équipe, sa blessure contractée après le match à Lens (la dernière victoire rennaise), a coïncidé avec celles du précieux capitaine Etienne Didot et de Stéphane Mbia. Même Olivier Thomert, redevenu décisif, est venu à manquer. Ces regrettables absences ont inévitablement enclenché le début des malheurs bretons.

Ces déconvenues passagères n'expliquent cependant pas les mauvaises prestations de quelques autres. Si le Suèdois Petter Hansson s'est malgré tout montré solide dans l'axe de la défense, son compatriote Erik Edman n'a toujours pas retrouvé son niveau d'international et il a fini l'année à l'infirmerie. Plus ennuyeux encore, John Mensah, sûrement la tête un peu ailleurs et les muscles régulièrement en souffrance, a été l'ombre de lui-même. Au milieu, Bruno Cheyrou n'a guère influé sur le jeu de son équipe alors que l'attaque pléthorique du club est finalement resté famélique. L'infatigable Jimmy Briand s'est dispersé sans compter. Et s'il s'est procuré un grand nombre d'occasions, sa maladresse devant le but est devenue pratiquement irrémissible (3 buts pour une quarantaine de franches opportunités). Mickaël Pagis, lui, s'est rarement compris avec ses partenaires, voire avec son premier entraîneur... Pour conséquence, il a souvent provoqué l'ire des supporters. Quant au Brésilien Emerson, sa vitesse supposée et son talent de buteur éventuellement ignoré resteront à jamais une énigme au regard de ses vingt minutes jouées en Rouge et Noir.

Deux manques à combler

Pour cause de Coupe d'Afrique des Nations, le Stade Rennais va perdre John Mensah et Stéphane Mbia en janvier et février. Deux absences importantes dans l'axe défensif qui ne pourront être compensées par le seul Guillaume Borne. Comme le confirme Pierre Dréossi : « notre souhait serait de trouver un joueur capable de jouer tout de suite et surtout d'apporter un plus. Nous avons quelques joueurs en vue, mais il est encore trop tôt Â» . Il serait intéressé par le profil du défenseur central du FC Bâle, le Suédois Daniel Majstorovic (30 ans). Au milieu, à moins d'un départ souhaité des deux côtés, il ne devrait pas y avoir de renforts. Après y avoir songé, Mickaël Pagis et Daniel Moreira ont été rapidement convaincus de rester par l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Seul Emerson, déjà reparti au Qatar, a donné l'avantageuse occasion pécuniaire de dégrossir le nombre des postulants en attaque. Pierre Dréossi a tout de même précisé : « ensuite, même pour le mercato d'hiver, avec Guy Lacombe, on réfléchit également à moyen terme. Et si nous avons l'opportunité de faire un ou deux bons coups pour l'avenir dès janvier, nous les ferons Â» .

La venue de joueurs expérimentés n'a donc pas empêché la récurrente inconstance de Rennes. Malgré tout, leur savoir-faire ne s'est pas évanoui le temps de six défaites. Avec la confiance redonnée par le nouvel entraîneur, il est donc toujours permis de croire à une énième fin de saison rennaise en boulet de canon. Après tout, à part Lyon, ou presque, les vicissitudes ne sont-elles pas l'apanage de toutes les équipes de la L1 ?

Par Marc Lepannetier, le 02/01/2008 à 14h23
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