Vingt-quatre heures après son annonce officielle, le transfert de Cristiano Ronaldo au Real Madrid continue de faire couler beaucoup d'encre. Selon certains médias espagnols, le montant exact de la transaction pourrait être supérieur aux 94 millions d'euros annoncés. L'opération inclurait 15 millions d'euros, composés de commissions versées à différents agents et intermédiaires à rétribuer, ainsi que de la prime à la signature destinée au joueur. La transaction avoisinerait donc en réalité les 110 millions. Quoiqu'il en soit, une nouvelle étape a été franchie dans le gonflement de la bulle financière du football, commencée au début des années 2000. L'examen des dix plus grosses transactions de l'histoire permet de tirer plusieurs enseignements.
Le premier d'entre eux est tout sauf une surprise : le Real Madrid se taille la part du lion. Les quatre premières places de ce très bling-bling classement sont occupées par des transactions opérées sous la houlette de Florentino Perez, lors de sa première présidence (2000-2006), puis de la seconde, débutée en fanfare avec la doublette de Ballons d'Or Kaká-Ronaldo. Le boss du Real peut compter sur le soutien des banques espagnoles qui, comme les autres, ne prêtent qu'aux riches, mais aussi sur la mansuétude (le laxisme diront certains) des instances sportives espagnoles tolérant un déficit galopant. Pour justifier ce dernier, le dirigeant se targue d'avoir enrichi le palmarès du Real et d'en avoir fait l'un des clubs leaders dans la vente de produits dérivés. Quitte à oublier la fronde des socios, fort déçus de voir la première ère galactique se terminer en eau de boudin…
Le bide Shevchenko
L'examen des chiffres nous rappelle une vérité aussi vieille que le football : la réussite d'un recrutement n'est pas toujours proportionnelle aux sommes investies. L'échec retentissant d'Andreï Shevchenko (buteur souverain du Milan encore grand) à Chelsea, comme celui, plus relatif, de Gaizka Mendieta (qui éclairait le jeu superbe du FC Valence) à la Lazio en témoignent. Autre élément marquant, l'absence de joueurs défensifs ne surprendra pas. Le Real, encore lui, fut accusé à juste titre de négliger ce secteur du jeu lors de ses prospections sonnantes et trébuchantes. On sait ce qu'il advint après le départ de Claude Makelele. Il est encore trop tôt pour dire si l'histoire se répétera, mais Michel Platini aimerait influer sur son cours et mettre un terme à ces transactions déconnectées de l'économie réelle. Dire que son transfert de l'AS Saint-Etienne à la Juventus Turin, au printemps 1982, qui se montait à 10 millions de francs, était considéré énorme à l'époque.
Le Top 10 des plus gros transferts de l'histoire :
1. Cristiano Ronaldo (Portugal), de Manchester United au Real Madrid, 2009 : 94 M€ (coût du seul transfert).
2. Zinedine Zidane (France), de la Juventus Turin au Real Madrid, 2001 : 75 M€.
3. Kaká (Brésil), du Milan AC au Real Madrid, 2009 : 67,2 M€.
4. Luis Figo (Portugal), du FC Barcelone au Real Madrid, 2000 : 61,7 M€.
5. Hernan Crespo (Argentine), de Parme à la Lazio Rome, 2000 : 56,4 M€.
6. Gianluigi Buffon (Italie), de Parme à la Juventus Turin, 2001 : 53,3 M€.
7. Juan Veron (argentine), de la Lazio Rome à Manchester United, 2001 : 46 M€.
8. Ronaldo (Brésil), de l'Inter Milan au Real Madrid, 2002 : 45,5 M€.
9. Gaizka Mendieta (Espagne), du FC Valence à la Lazio Rome, 2000 : 45,1 M€.
10. Shevchenko (Ukraine), du Milan AC à Chelsea, 2006 : 45 M€.