Le mois dernier, la LFP indiquait que les comptes des formations de Ligue 1 et de Ligue 2 présentaient un déficit de 33,54 millions d'euros, une première depuis trois ans. Et les prévisions pour la saison prochaine étaient encore plus alarmistes : ce montant devrait atteindre les 100 millions d'euros. Une situation financière délicate qui, conjuguée avec la suppression programmée du DIC (disposition fiscale facilitant l'embauche de gros salaires étrangers) a incité les équipes de l'élite à jouer la carte de la rigueur et à reporter à plus tard les achats onéreux. Une tendance également observée ailleurs en Europe.
Les leaders ont peu bougé
Distancés par le leader bordelais, les deux Olympiques souhaitaient profiter de ce marché correctif pour améliorer leur effectif. Seul l'OL y sera parvenu, en embauchant le défenseur du Dinamo Zagreb, Dejan Lovren, contre un chèque de 8 millions d'euros. Mais c'est tout : Patrick Vieira, un temps convoité, a préféré poser ses bagages à Manchester City. Et aucun club n'a pu débarrasser les Gones d'Ederson, acheté 14 millions d'euros voici dix-huit mois. L'OM a de son côté fait chou blanc. Après avoir longtemps espéré voir arriver l'ailier brésilien Alessandro Mancini, le club phocéen, lassé d'être suspendu à la décision de l'Intériste (finalement prêté au… Milan), a choisi de faire du neuf avec du vieux, via le retour en grâce de Mathieu Valbuena et Hatem Ben Arfa, pourtant bénéficiaires de bons de sortie en décembre, et objet d'une offre d'Olympiakos pour le second. Enfin, le PSG est également resté bredouille. Les départs de Rothen (Ankaragücü), Arnaud (Clermont), Baning (Strasbourg) et Boli (Nîmes) n'ayant pas soulagé des finances malmenées par le retour de prêt de Kezman (Zénith Saint-Pétersbourg).
Les mal classés en chasse
En France comme à l'étranger, ce sont les mal classés qui ont animé le marché. En quête d'un remplaçant à son buteur américain Charlie Davies, Sochaux a encore fait dans le pari en embauchant pour 4 M€ le Nigérian Ideye Brown (Neuchâtel Xamax). Englué dans la zone rouge, Le Mans a également prospecté en Suisse, avec l'arrivée d'Almen Abdi, meneur de jeu du FC Zurich et meilleur passeur de Super League la saison passée. Le jeune ailier franco-algérien Idir Ouali, laissé libre par la faillite de l'Excelsior Mouscron, a également rejoint le club sarthois, qui a aussi pris du muscle, avec le retour d'Olivier Thomert, laissé de côté par Rennes. Du muscle, c'est également ce qu'ont cherché Saint-Etienne (Diakhaté) et Nice (Civelli, Digard). Quant à Boulogne, le club de la Côte d'Opale n'a pas été en reste de ce côté-là (Bellaïd) mais a également cherché à densifier ses postes offensifs, avec principalement le renfort de l'ex-espoir, le gaucher Olivier Kapo. La même bougeotte s'est faite sentir chez les mal en point à l'étranger, avec la grosse activité de Nuremberg, West Ham ou du Real Saragosse.
Des "papys" Ã la relance
Qu'ont en commun Patrick Vieira, Luca Toni et Hernan Crespo ? Joueurs en fin de carrière, la trentaine bien sonnée, ces internationaux confirmés avaient perdu leur place en sélection, à force de passer plus de temps sur le banc de touche que sur le terrain. Les trois ont trouvé preneur cet hiver, à Manchester City pour le Français de l'Inter, à l'AS Roma pour l'Italien du Bayern et à Parme pour l'Argentin du Genoa. A quelques mois de la Coupe du monde, ces trois-là vont chercher à se relancer dans des clubs où ils étaient désirés.
La CAN, petite vitrine
Peu exposée médiatiquement, marquée par la tragédie du Cabinda, l'édition 2010 de la Coupe d'Afrique des nations n'aura pas permis de grosses transactions. Tout au plus certains joueurs peu en vue dans leur club ont-ils pu prouver leur valeur, tel Daniel Cousin, en vue avec le Gabon, et prêté à Larissa par Hull City. Quant aux Pharaons, vainqueurs du trophée pour la troisième fois consécutive, certains de leurs représentants suscitent les convoitises. Le polyvalent latéral droit Ahmed Al-Mohammadi serait ainsi sur les tablettes de Sunderland et de l'Olympique de Marseille. Rendez-vous l'été prochain ?
Voilà , on aurait aussi pu vous parler de Colin Kazim (Toulouse), Moussa Maazou (Monaco) ou Sebastian Dubarbier (Lorient), mais il fallait bien faire des choix. Le mercato d'hiver est bien fini, et ne restera pas dans les mémoires. Place aux rumeurs de transfert, aux négociations sur les prolongations de contrat et aux interrogations existentielles des joueurs sur leur avenir. Avec la Coupe du monde en prélude, le prochain marché ne devrait pas manquer de révélations.