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le 26/03/2019 à 21h00

UEFA Super League : le fantasme d'une véritable révolution de la Ligue des Champions

UEFA Super League : le fantasme d'une véritable révolution de la Ligue des Champions
La Ligue des Champions va-t-elle connaître une révolution ?
Face à la menace de la création d'une «Super League» européenne sans elle, l'UEFA a décidé de mener des discussions avec les grands clubs européens concernant une refonte de la Ligue des Champions. Un grand projet qui devrait se développer à l'avenir, mais les obstacles sont encore trop nombreux pour l'imaginer sur le court terme.

Début octobre, Médiapart a lâché une véritable bombe dans le monde du football : plusieurs grands clubs européens discutent depuis plusieurs mois de la création d'une «Super League» privée. Une ligue fermée, organisée par les clubs fondateurs à l'initiative du projet, afin de s'affronter entre les meilleures équipes avec l'objectif de dégager des revenus encore plus importants.


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Initialement exclue de ces pourparlers, l'UEFA a pris cette menace très au sérieux. Et pour contrer cette «Super League», elle s'est mise dans l'idée d'en créer une ! Ou tout du moins d'organiser une réunion avec l'ECA, l'Association Européenne des Clubs, mardi dernier afin d'évoquer une refonte de la Ligue des Champions et de se montrer ouverte à un tel projet.

La base du projet

Se basant sur des indiscrétions de cet entretien, la radio Cadena Cope a dévoilé quelques éléments de ce projet discuté par l'UEFA. Cette nouvelle version de la C1 serait ainsi prévue pour 2024 avec 32 équipes concernées. Ces formations seraient réparties au sein de 2 divisions avec 4 groupes de 8 avec un système de promotions et de relégations. Il s'agirait d'une coupe «privée» avec certaines places fixes accordées à des cadors européens comme le FC Barcelone et le Real Madrid. Les «clubs fondateurs» seraient ainsi protégés pour une certaine période, avec des «formations invitées» pour compléter la compétition.

Jusqu'à maintenant, ces informations paraissent crédibles par rapport aux échos déjà entendues en octobre. Mais par la suite, le média ibérique a révélé des éléments plus farfelus. Ainsi, dans ce projet, les matchs se disputeraient le week-end, et les championnats nationaux seraient obligés de s'adapter en jouant en semaine. Et pour vendre son projet, l'UEFA aurait apporté une garantie très importante : cette compétition permettrait aux équipes de se partager 900 millions d'euros de droits TV par an et par club ! Autant le dire tout de suite, il s'agit d'un chiffre totalement irrationnel qu'il ne faut pas croire un seul instant.

Des éléments économiques irrationnels

En effet, lors de l'édition 2017-2018, l'UEFA a partagé 1,412 milliard d'euros avec toutes les équipes engagées en C1. Une somme déjà considérable. Et la Ligue des Champions, une compétition installée depuis de très longues années, fonctionne très bien avec une croissance régulière de ses droits TV. Alors comment imaginer l'instance européenne dégager plus de 28,8 milliards d'euros par an (pour 32 équipes) ou même 14,4 milliards d'euros par an (pour les 16 équipes de la D1) avec cette nouvelle formule ? C'est impossible et le président de la Liga Javier Tebas l'a bien expliqué.

«Déjà, les 'petites équipes' deviendraient encore plus pauvres, mais en plus les sommes espérées par les 'grandes équipes' ne sont pas correctes. Beaucoup de dirigeants ne savent pas à quel point ils nuisent à leur club. Je rigole quand j'entends parler qu'ils vont gagner 900 millions par an et par club. Ils vont sur une route qui va nuire aux clubs. (...) Il faut dire au journaliste que celui qui lui a parlé des 900 millions par saison par club est la personne la plus ivre, qui va au comptoir du bar à cinq heures du matin», a lancé Tebas, très remonté.

Dans les faits, on peut tout de même imaginer qu'une telle refonte permettrait d'augmenter les revenus pour les grands clubs, ce qui reste l'objectif prioritaire pour eux. Avec la multiplicité des matchs et surtout de belles affiches européennes de plus en plus régulières, il est quasiment certain que les sommes dégagées seraient plus importantes qu'actuellement en C1. L'engouement populaire sera-t-il le même avec un mini-championnat avant des quarts de finale ? C'est une question qui doit aussi se poser puisque la LdC fonctionne encore une fois très bien dans son format actuel... Et même sans parler de cet aspect, les obstacles sont encore trop nombreux pour imaginer un tel projet sur le court terme.

Des obstacles à surmonter

Car l'autre gros problème, il s'agit bien évidemment des matchs prévus le week-end. On comprend l'intérêt pour l'UEFA. Avec une meilleure exposition des matchs, les revenus générés seraient ainsi plus importants. Mais les championnats nationaux n'ont absolument aucun intérêt à accepter de jouer en semaine ! La Premier League, qui génère plus de 3 milliards d'euros par an, va-t-elle ternir son «produit» pour arranger l'UEFA et une certaine élite ? Bien évidemment que non, même chose pour les autres championnats concernés comme la Liga, la Serie A, la Bundesliga et la Ligue 1.

Etant donné les enjeux économiques importants, un tel chamboulement est improbable pour le moment et les grands dirigeants n'ont aucun intérêt à changer un système qui marche. «Je ne vais réaliser aucun changement en Liga, a immédiatement répondu Tebas. Je ne vais pas le permettre et je peux assurer que la Premier League, la Serie A, la Bundesliga et la Ligue 1 ne vont pas changer leur compétition pour ce nouveau projet.»

Il semble donc évident que la création d'une «Super League» européenne resterait, au moins au début, en semaine pour ne pas infliger une énorme baisse à l'attractivité des championnats nationaux. Et même dans cette hypothèse, il faudra réfléchir à des solutions pour alléger les calendriers. On peut imaginer la réduction des championnats nationaux à 18 ou 16 formations afin de permettre aux équipes engagées en «Super League» de continuer à jouer sur les deux tableaux. Mais il faudra de très longues négociations pour arriver à un compromis intéressant pour toutes les parties...

L'intérêt de la discussion ?

Vous l'aurez donc compris, ce projet reste pour le moment un véritable fantasme. Avant d'éventuellement aboutir à un plan concret, il faudra des années et des années de discussions. Mais alors quel intérêt de mener dès maintenant des entretiens ? Pour l'UEFA, elle se montre ainsi ouverte à la discussion, à la modernisation et affiche du respect pour les cadors européens en réfléchissant à des alternatives pour le futur, afin de limiter les risques d'être exclue d'une telle révolution à l'avenir.

Pour les grands clubs, il s'agit tout simplement d'un moyen de faire pression auprès de l'UEFA pour l'inciter à distribuer les revenus encore plus à leur avantage. Des efforts ont déjà été réalisés dans ce sens avec la création récente d'une dotation en C1 par rapport aux résultats européens historiques. Mais les équipes européennes en veulent encore et toujours plus via la Ligue des Champions, tout en continuant de bénéficier de la valeur de leur championnat. Une situation gagnant-gagnant avant d'imaginer peut-être une révolution du monde du football dans un futur lointain...

Que pensez-vous de ce projet proposé par l'UEFA ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...

Par Damien Da Silva, le 26/03/2019 à 21h00

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