Monaco : Ben Seghir dans le brouillard

L'affaire paraît paradoxale. Comment un joueur de 20 ans, au potentiel reconnu et sous contrat jusqu'en juin 2027, peut-il se retrouver dans une telle zone grise ?

Pas écarté du groupe, ni déclassé, Eliesse Ben Seghir reste une valeur identifiée à Monaco. Mais son influence a décliné au fil de la saison, son temps de jeu s'est réduit, et son statut s'est fragilisé.

Un statut fragilisé

Il y a dix-huit mois, Ben Seghir incarnait pourtant l'avenir du club. Révélation de l'hiver 2022-2023 avec un doublé dès son premier match pro à Auxerre, il avait prolongé en janvier 2024 et vu sa cote flamber. Mais la saison suivante a coupé son élan. Entre trois blessures majeures et un changement de système avec l'arrivée d'Adi Hütter, il n'a disputé que 14 matchs. En 2024-2025, il est revenu avec ambition... mais sans retrouver la lumière. Malgré 46 apparitions toutes compétitions confondues, il a peu pesé : 33 matchs de Ligue 1, 6 buts, mais moins de 1800 minutes de temps de jeu.

Le coeur du problème n'est pas tactique. Ben Seghir a conservé son poste naturel d'ailier gauche, dans un 4-4-2 ou un 4-3-3 modulé. Irrégulier dans l'impact, parfois trop neutre dans les zones décisives, il n'a pas su redevenir un titulaire indiscutable. Pendant ce temps, Maghnes Akliouche a confirmé et Mika Biereth s'est imposé en attaque. Résultat : le Lion de l'Atlas a glissé dans la hiérarchie, souvent relégué à un rôle de joker de luxe. Frustré, il a repoussé l'idée d'une prolongation, et son entourage pousse désormais pour un départ, affirme Nice-Matin.

Un départ risqué mais inévitable ?

La direction, d'abord opposée à un transfert, semble désormais plus souple. Thiago Scuro, encore confiant début juillet, a tempéré son discours en interne. Le prix fixé — 50 M€ — reste élevé, mais la porte est entrouverte. La Juventus, le Séville FC, Brighton et d'autres clubs européens ont manifesté leur intérêt. Aucun n'a encore formulé d'offre ferme. Pour le joueur, le risque serait de choisir un point de chute trop exigeant, trop tôt. À ce moment de sa carrière, le Monégasque a besoin de minutes, de confiance et d'un environnement stable. Or à l'étranger, rien de tout cela ne lui est garanti.

Un prêt avec option d'achat pourrait apparaître comme une issue intermédiaire. Ce scénario préserverait son temps de jeu tout en coupant temporairement le lien devenu conflictuel avec le manager autrichien. Reste un enjeu majeur : la sélection. Ben Seghir est attendu à la CAN 2025 à domicile et vise une place lors de la Coupe du monde 2026. Mais pour espérer y briller, il lui faudra retrouver du rythme et des responsabilités. Sans cela, la promesse du crack marocain risque de se diluer dans une instabilité chronique.

Quel avenir pour Eliesse Ben Seghir ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» …