

Coup de massue pour Nicolas Pépé (30 ans). En dépit de son bon début de saison avec Villarreal, l'ailier ne disputera pas la CAN avec la Côte d'Ivoire. Une absence inattendue, tant l'ancien Lillois semblait avoir retrouvé son meilleur niveau en Liga et en Ligue des Champions.
Pourtant, Émerse Faé l'a reconnu lui-même : sportivement, le natif de Mantes-la-Jolie devait être dans la liste. Ce sont les événements des derniers jours, et surtout leur impact sur l'image de la sélection, qui ont pesé dans la balance.
Un contexte explosif
Le tournant se situe dans une vidéo tournée avec l'influenceur Just Riadh, publiée la semaine passée. On y voit Pépé chambrer en toute décontraction, persuadé d'être dans un registre «entre potes» . Mais deux passages vont déclencher une tempête. Le premier concerne le Maroc, pays hôte de la CAN. Sur le ton de la plaisanterie, il lance qu'ils ont «gagné leur étoile en 1818» , avant d'ajouter que même son père «n'était pas né à cette époque» . Le second touche un sujet sensible : celui des binationaux. Pépé y explique qu'un joueur qui choisit la France avant une sélection africaine devrait être «mis de côté» , puis lâche dans un sourire que «Lafont (né au Burkina Faso, ndlr) n'est pas Ivoirien, il a juste le passeport» . Deux blagues sorties du contexte de vestiaire, mais qui, une fois viralisées, ont été perçues comme des attaques.
La réaction a été immédiate et violente. Vague de moqueries, insultes racistes, déferlement sur ses réseaux sociaux. Pépé publie des excuses dès le lendemain, rappelant qu'il «chambre» , qu'il ne voulait blesser personne et qu'il condamne «le racisme et la haine» . Trop tard. Le sujet devient incontournable, et les premiers bruits filtrent : Faé redoute une bronca lors du match d'ouverture à Marrakech, un vestiaire perturbé et un harcèlement médiatique quotidien. Lors de la conférence de presse où il annonce la liste, le sélectionneur confirme son malaise. Il insiste que ce n'est «pas une sanction sportive» , admet que Pépé était «dans la case performances» , mais explique qu'il a dû prendre en compte «d'autres éléments, sur et en dehors du terrain» . Une manière polie de dire que la sélection n'a pas voulu porter ce fardeau durant un mois.
Un joueur touché, un clan qui se cabre
Pour le joueur passé par Asenal, l'absence a eu l'effet d'un choc. L'ailier a parlé de «double peine» , évoquant à la fois l'avalanche d'insultes racistes consécutives à la vidéo et la non-convocation, qu'il juge difficile à justifier après ses performances en Liga. Il a remercié Villarreal pour son soutien, preuve qu'il a trouvé en Espagne la protection qu'il n'a pas perçue dans sa sélection. Sa soeur, elle, a choisi un ton beaucoup plus frontal. Elle accuse la Fédération de «punir la victime» , rappelle que son frère n'a jamais fait de vagues en treize ans de carrière et regrette qu'une simple blague, assumée puis expliquée, se transforme en exclusion. Dans ce climat, la sortie de Didier Drogba, «Force à toi fils» , a servi de soutien moral discret mais chargé symboliquement, alimentant l'idée que le traitement infligé à Pépé a été jugé excessif dans le cercle des anciens.
Cette séquence révèle surtout un malaise plus large. La Côte d'Ivoire, championne d'Afrique en titre et attendue au tournant, se prive d'un cadre performant pour des raisons exclusivement extra-sportives, alors que la concurrence à son poste reste limitée avec l'absence de Simon Adingra et que plusieurs appelés affichent un rendement inférieur. Le coach national a privilégié le risque zéro avant une compétition organisée au Maroc, redoutant sifflets, polémique permanente et pression médiatique sur le groupe. Ce choix engage désormais le sélectionneur : sans Pépé, la responsabilité offensive reposera sur une ligne encore instable, et le moindre accroc relancera le débat. L'ailier, lui, devra rebondir en club et reconstruire son image, dans l'attente d'un apaisement qui n'adviendra qu'avec le temps et ses performances à six mois de la Coupe du monde.
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