

Karim Benzema a ravivé le débat autour de son avenir international en répondant franchement à une question de L'Équipe que beaucoup évitent depuis trois ans. À six mois du Mondial 2026, son nom resurgit dans un paysage offensif français en pleine recomposition. Et derrière cette prise de parole, c'est toute une histoire, longue, tourmentée et inachevée, qui refait surface.
Une histoire bleue inaboutie
L'international français n'a jamais connu de trajectoire linéaire en sélection. Écarté par Raymond Domenech en 2010, leader en 2014, suspendu six ans après l'affaire de la sextape, puis revenu en 2021 lors d'un comeback qui en avait surpris plus d'un, Benzema a construit avec les Bleus un récit fait de ruptures, de silences et de retrouvailles avortées. Doha reste la cicatrice la plus visible : forfait à la veille du Mondial malgré son statut de Ballon d'Or, départ dans un flou total, puis cette story Instagram — «je vais devoir m'expliquer pour le peuple» — qui laissait entrevoir une incompréhension profonde jamais clarifiée. Trois jours plus tard, le Lyonnais annonçait sa retraite internationale, refermant officiellement une page que beaucoup considèrent encore comme inachevée.
Trois ans ont passé et l'attaquant refuse de mettre de l'huile sur le feu : «C'est du passé, on passe à autre chose» , glisse-t-il désormais. Mais sa prise de position ne laisse aucune ambiguïté sur le reste : «Si tu me dis d'aller en équipe de France pour jouer une Coupe du monde et que je te dis non, je suis un menteur. Quand on m'appelle, je viens, je joue.» Derrière ces mots, un constat clair : malgré les ruptures, malgré l'âge, l'histoire ne lui paraît pas totalement terminée. Et sur le terrain, le niveau suit encore. Cette saison, Benzema compte 11 buts en 12 matchs toutes compétitions confondues, deux triplés et une constance physique retrouvée depuis mars. Le championnat saoudien est moins exigeant, certes, mais le rappel récent de N'Golo Kanté montre qu'un exil au Golfe n'est plus un obstacle rédhibitoire.
Un secteur offensif bien fourni, mais...
Le secteur offensif des Bleus traverse une zone de transition depuis plusieurs mois. Les retraites d'Olivier Giroud et Antoine Griezmann ont effacé deux repères structurels, laissant une ligne d'attaque talentueuse mais encore irrégulière : Kylian Mbappé utilisé régulièrement en pointe, Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani toujours présents, mais aussi Michael Olise, Bradley Barcola, Désiré Doué, Rayan Cherki, Christopher Nkunku, Jean-Philippe Mateta, Hugo Ekitike, Maghnes Akliouche, capables d'apporter du déséquilibre mais sans vécu mondial. Dans un tel paysage, l'idée d'un avant-centre complet, capable de jouer dos au but, de gérer les temps faibles et de porter une équipe dans les matchs sous tension, n'a rien d'illogique. Sur le strict plan sportif, Benzema apporte encore des garanties qu'aucun autre profil ne maîtrise à son niveau.
Mais la question ne se joue pas là. L'obstacle demeure le sélectionneur national, et la manière dont l'épisode de 2022 a scellé au moins publiquement la relation fluctuante entre les deux hommes. Le technicien basque ne semble pas envisager de remettre ce dossier sur la table, conscient du poids médiatique et émotionnel qu'un tel retour provoquerait. À six mois du Mondial, bouleverser la hiérarchie offensive avec un joueur de bientôt 38 ans serait un geste fort, politiquement sensible, et difficile à défendre si tout le monde reste en bonne santé. C'est pourquoi le nom de Benzema n'apparaît que dans un seul et unique scénario : celui d'une urgence absolue. Une blessure majeure, une méforme collective ou un manque criant d'expérience pourrait rouvrir une porte aujourd'hui simplement entrouverte.
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